foodwatch dénonce la cheapflation ou quand des grandes marques baissent la qualité tout en augmentant les prix

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foodwatch dénonce la cheapflation ou quand des grandes marques baissent la qualité tout en augmentant les prix

le 7 février 2024
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Un kilo de carottes ne peut pas avoir moins de carottes. Un pot de rillettes peut en revanche avoir moins de viande, du colin à la bordelaise moins de poisson, de la mayonnaise moins d'oeufs... foodwatch vient d'épingler 6 produits bien connus de marques de l'agroalimentaire pour flagrant délit de cheapflation (réduction de la qualité) : After Eight de Nestlé, Bordeau Chenel, Findus, Fleury Michon, Maille (Unilever) et Milka (Mondelez). Explications...

Qu'est-ce que la cheapflation ?

Alerté par les consommateurs, l'association foodwatch a analysé l'evolution des compositions et des prix de six produits emblématiques de l'agroalimentaire. Et a découvert l'application d'un principe qui ne va pas dans le sens du consommateur, de sa santé comme de son portefeuille. Ce principe est la cheapflation que nous décrit ainsi foodwatch : "le mot cheapflation est la contraction des mots « cheap » (qui signifie ‘bas de gamme ou bon marché’ en anglais) et inflation. Cette pratique consiste à réduire, à supprimer ou à substituer un ingrédient par un autre ingrédient moins cher et/ou de moins bonne qualité. Non contents de modifier les recettes en catimini, les prix au kilo des produits ont aussi augmenté dans les rayons, bien au-delà de l’inflation."

« Avec la cheapflation, les consommateurs et consommatrices sont doublement perdants. Ces marques justifient cela par les crises récentes. Le problème, c’est qu’on a l’impression qu’on perd en qualité alors que le prix au kilo augmente dans les rayons. Les changements de recettes sont quasi imperceptibles, on a de moins en moins d’ingrédients nobles alors que les prix dans les rayons augmentent parfois jusqu’à près de 50%. Mais jusqu’où iront-ils ainsi ? », s’indigne Audrey Morice, chargée de campagnes chez foodwatch.

foodwatch dénonce la cheapflation ou quand des grandes marques baissent la qualité tout en augmentant les prix
À l’échelle d’un produit, la diminution de quelques pourcents d’un ingrédient dit ‘noble’ – viande, poisson, huile, œuf - peut sembler dérisoire, mais pour une entreprise qui en produit des milliers voire des millions, cela peut représenter une sacrée différence.

Quelles marques sont concernées ?

Les marques épinglées aujourd’hui par foodwatch qui ont eu recours à la cheapflation sont : After Eight (Nestlé), Bordeau Chesnel, Findus, Fleury Michon, Maille (Unilever) et Milka (Mondelez). Pour foodwatch, "elles ont toutes modifié certains ingrédients, ce qui donne l’impression que la qualité s’en voit modifiée, alors que le prix au kilo de leurs produits augmentait dans les rayons au-delà de l’inflation, allant jusqu’à 47% plus cher. 

Questionnées par foodwatch, les marques ont invoqué "des difficultés d’approvisionnement et hausse des coûts des matières premières sur fond de grippe aviaire, manque de céréales et explosion des prix suite à la guerre en Ukraine." Mais pour Audrey Morice: « Nous comprenons les difficultés d’approvisionnement des fabricants et leur droit de modifier leurs recettes. C’est l’opacité de la cheapflation qui fâche, doublée d’une hausse de prix qui fait mal en ces temps d’inflation. On a l’impression que les industriels maintiennent leurs marges sur le dos des consommateurs ».

 

Le détail par produits relevé par foodwatch

After Eight, Nestlé : Nestlé a ajouté différentes matières grasses végétales, dont de l’huile de palme - que de nombreux consommateurs cherchent à éviter - dans ses chocolats After Eight entre fin 2021 et 2024. Nestlé le justifie notamment par « le retravail de certaines de ses recettes ». Bien que le coût de l’huile de palme soit moins cher, le prix au kilo des After Eight a augmenté de 7.4 % sur la période, en tenant compte de l’inflation (prix constaté chez Carrefour). 


Bordeau Chesnel, spécialité charcutière au poulet rôti en cocotte : la quantité de viande de poulet a diminué de 5,5% (de 90% à 85%) entre 2021 et 2024. La graisse de canard a été remplacée par des huiles végétales tandis que l'origine de la viande, initialement française, est devenue européenne. En tenant compte de l'inflation, le prix au kilo du produit a lui augmenté de 31% chez Super U. L'industriel a indiqué avoir effectué ce changement dans le contexte de la grippe aviaire. En changeant de recette, même si la marque ne l’affiche pas, le Nutri-Score du produit passerait ainsi de D à E.


Findus, colin d’Alaska à la bordelaise : en avril 2023, Findus a diminué la quantité de chair de poisson de 75% à 71%. En parallèle, le prix au kilo du produit a augmenté de 47%, en tenant compte de l’inflation (prix constaté chez Auchan). Ce produit a aussi subi de la shrinkflation puisque son poids est passé de 400g à 380g sur la même période, rapetissant de 5%. La marque explique avoir retravaillé la recette pour tenir compte de l’évolution des attentes des consommateurs. foodwatch doute que les principaux intéressés aient pour « attente » de payer plus cher au kilo, pour un produit contenant moins de poisson.    


Fleury Michon, bâtonnets ‘Le Moelleux’ : depuis le début de l’inflation alimentaire, Fleury Michon a diminué la quantité de chair de poisson de 11%, passant de 43% à 38%. Sur la même période, et en prenant en compte l'inflation le prix au kilo du produit a bondi de 40% (prix Auchan). Avec ce changement de recette, le Nutri-Score du produit changerait de B à C. D’après nos informations, la marque a indiqué avoir fait ces changements pour proposer un prix accessible sur ce produit sans faire de compromis sur la qualité des ingrédients. Pourquoi alors faire un compromis sur la transparence ? 


Maille, mayonnaise Fin Gourmets Qualité Traiteur : depuis le début de l’inflation, Unilever a diminué la proportion de jaunes d’œufs de 9.3% à 7% et y aurait augmenté la quantité d’huile pendant que le prix au kilo du produit, en tenant compte de l'inflation, augmentait de 12.16% (vu chez Intermarché). Unilever justifie ce changement par les « tensions sur le marché des œufs liées notamment à l’épidémie de grippe aviaire », et « à des difficultés d’approvisionnement ».


Milka, cookies « choco » Sensations : entre avril 2022 et 2024, sur fond de dérogations accordées à l’industrie agroalimentaire en raison des pénuries de céréales à cause de la guerre en Ukraine, Mondelez a remplacé l’huile de tournesol par de l’huile de palme dans ces cookies. Mais une fois sifflée la fin des dérogations, en janvier 2024, la marque a continué d’utiliser de l’huile de palme, sans informer clairement les consommateurs et consommatrices du changement. L’huile de palme est moins coûteuse, pose un problème environnemental et ses acides gras saturés contribuent au mauvais cholestérol, sans oublier le risque cardiovasculaire. Le prix au kilo du produit – comparé chez Casino entre l’ancien format -182g - et le nouveau format et en prenant l'inflation en compte, mis en rayon en janvier 2024, - 208g - a augmenté de 27%. La marque indique à foodwatch que « le projet de retour à l'huile de tournesol est en cours de discussion en interne ».

 

foodwatch lance une action d’interpellation de ces marques ainsi que des distributeurs, de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), de Leclerc et Intermarché (non-membres de la FCD) et de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA).

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