Démonstrations de savoir-faire technologique

Lors de l'IFA de Berlin, salon professionnel où les grandes marques d'électroménager présentent leurs nouveautés pour l'année à venir, Haier a exposé "Laundry Center Casarte" une tour de lavage ultra haut de gamme qui devrait être disponible en France dans le courant de l’année. Son prix avoisine les 5 000 €. L’appareil regroupe un lave-linge et un sèche-linge, les deux fonctions se pilotent à l’aide d’un bandeau de commande central, entièrement tactile. Il est également connecté, exploite des technologies d’intelligence artificielle et bénéficie de finitions spécialement luxueuses. Haier y a mis toutes les technologies possibles, que ce soit en matière de lavage, de séchage ou de connectivité.

LG a également lancé sa tour de lavage WashTower dans sa version compacte. Ce modèle profite lui aussi d’un bandeau tactile central, d’un design soigné et de la connectivité. Lancée au prix de 2 599 €, la WashTower est un produit haut de gamme très bien équipé : pompe à chaleur, programme anti-allergies, automatisation du fonctionnement grâce à l’intelligence artificielle, classes énergétiques les plus élevées pour la fonction lavage comme pour le séchage...

Quel intérêt d’un appareil deux-en-un ?

Si on espère gagner de la place au sol, il est tout à fait possible de superposer son lave-linge et son sèche-linge. Il existe des kits de superposition qui permettent de les installer de manière sécurisée ; ils sont parfois complétés par une planche centrale rétractable pour plier le linge ou le repasser. Alors pourquoi leur préférer une tour de lavage tout-en-un ? Cela présente quelques avantages. D’abord, le bandeau de commande commun, en position centrale, est bien plus facile à atteindre. Car les commandes du sèche-linge sont difficilement accessibles lorsqu’il est posé sur le lave-linge.
Ensuite, cela permet un échange d’informations qui n’est possible, dans le cas d’appareils séparés, que lorsque le lave-linge et le sèche-linge sont connectés. Par exemple, si on vient de réaliser un cycle de lavage coton à 30°C et qu’on souhaite enchaîner un cycle de séchage, le programme adéquat peut être proposé automatiquement puisqu’il s’agit d’un unique appareil.
Le gain de place est un autre argument. On gagne déjà de l’espace au sol. Avec les tours de lavage, on en gagne un peu aussi en hauteur (et au passage un chargement plus aisé du sèche-linge, le hublot étant légèrement plus bas). En effet, quand un lave-linge et un sèche-linge standard mesurent chacun 85 cm de haut (soit 1,70 m de hauteur au total, sans compter le kit de superposition qui ajoute quelques centimètres), la tour de lavage Casarte mesure quant à elle 1,50 m de haut et la WashTower de LG, 1,65 m.
Si l’équipement est visible, l’uniformité esthétique est un argument supplémentaire. En effet, si on possède un lave-linge et un sèche-linge de marques voire de gammes différentes, leur design n’est pas forcément en harmonie. De plus, même dans le cas des appareils de format standard, leurs dimensions peuvent légèrement varier, de quelques millimètres voire centimètres (en profondeur mais aussi en largeur). Choisir une tour de lavage est l’assurance d’une esthétique parfaitement harmonieuse.

Faire sortir le lavage de la buanderie ?

Ainsi, les marques misent beaucoup sur le design. Haier opte pour un luxe sobre tandis que LG fait le choix d’un châssis bicolore (beige et vert) à la finition mate.
Dans les deux cas, l’aspect esthétique est particulièrement soigné. À tel point que ces marques songent à faire de la tour de lavage un appareil électroménager qui ne se cantonne plus à la buanderie mais qui se montre, un peu à l’image des réfrigérateurs design ou des caves à vin. Ces tours de lavage pourraient s’exposer fièrement dans une cuisine ouverte par exemple.
Remplacer deux appareils superposés par un seul présente aussi des inconvénients. On pense forcément à la possibilité d’une panne, auquel cas on n’a pas seulement un appareil inutilisable mais potentiellement deux.
Ces tours tout-en-un sont également plus lourdes et plus difficiles à manipuler. Il faut forcément y songer pour la livraison, l’installation et ensuite si on a besoin de les bouger en cas de déménagement, de travaux, de fuite d’eau… Quand un lave-linge lesté à la fonte, comme ceux de Miele, pèse environ 80 kg, la WashTower de LG, par exemple, pèse 128 kg.

Quel avenir sur le marché français ?

On peut se demander si ces équipements atypiques resteront des vitrines technologiques ou s’ils pourraient à se démocratiser. Les deux marques n’en sont pas à leur coup d’essai. Haier a déjà commercialisé en France des modèles à double tambour, à l’époque beaucoup plus abordables. LG s’y est également essayé sous plusieurs formes. La marque coréenne avait notamment lancé une WashTower de plus grand gabarit que l’on trouve encore en vente sur certains sites.
Alors les consommateurs français pourraient-ils se laisser séduire par une telle proposition ? Il faut bien entendu rappeler que si la plupart de foyers sont équipés d’un lave-linge (97% en 2021 selon l’étude Gifam/Kantar), le sèche-linge se fait plus rare (34%). Mais il est intéressant de savoir que l’installation en superposition est assez répandue chez les possesseurs de sèche-linge.

En 2021, 22% des sèche-linge étaient installés au-dessus des lave-linge (source : Étude équipement des ménages Gifam avec Harris Interactive). Rapporté à l’ensemble des ménages, cette configuration concerne 8% des foyers.
Les tours de lavage pourraient donc être susceptibles d’intéresser un certain nombre de consommateurs. Actuellement, les solutions proposées par Haier et LG sont loin d’être accessibles à toutes les bourses, donc forcément vouées à rester des équipements de niche. Mais si les fabricants faisaient le choix de proposer des alternatives plus accessibles, en revoyant leur fiche technique à la baisse, cela pourrait peut-être changer la donne. Comme on dit, « wait and see ».