A l’heure de la fast-fashion éphémère et polluante, le Fabriqué en France reprend du poil de la bête en matière de vêtements. A la clé, un savoir-faire artisanal qui assure la durabilité de ces pièces mais qui a également un prix. Des labels et certifications à l’impact d’une économie vraiment verte, tour d’horizon en bleu, blanc rouge pour consommer avec justesse.
En France, en 2020, 2,4 milliards de vêtements et chaussures ont été mis en vente soit en tout 517 000 tonnes.
Chaque Français a acheté en moyenne 29 pièces d’habillement et trois paires de chaussures en un an , selon les chiffres de l’éco organisme Refashion. Cette frénésie vestimentaire concerne le monde entier. La production de vêtements a ainsi doublé entre 2000 et 2014.
Le consommateur achète 60 % d’habits en plus qu’il y a 15 ans et les conserve cependant moitié moins longtemps pour reprendre les chiffres de Zerowaste France. Au-delà du problème de durabilité de votre garde-robe, le marché du textile est aussi un véritable préjudice pour la planète. La mode à cet égard est l’une des industries les plus polluantes, en émettant chaque année 1,9 milliards de tonnes de gaz à effet de serre selon l’Ademe, soit environ 2% des émissions globales.
Les fashionistas , préoccupées en parallèle par la question climatique, devraient à cet égard réfléchir à chaque achat d’un nouvel habit, en sachant que le textile est aussi le troisième secteur consommateur d’eau dans le monde après la culture du blé et du riz.
Il est donc nécessaire d’avoir une consommation de vêtements plus mesurée, en réfléchissant à l’origine et aux conditions de fabrication de ces vêtements, sans faire l'impasse sur leur composition et la qualité des fibres pour en vérifier la durabilité.
Fondateurs du label SloWeAre créé en 2017 qui réunit les marques de mode éthiques, Eloïse Moigno et Thomas Ebelé ont co-écrit un ouvrage intitulé « La face cachée des étiquettes ». Pensé à la manière d’un mode d’emploi, il recueille de nombreuses informations et conseils pour toutes celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre l’impact environnemental de la mode, et consommer de façon plus responsable.
La France pour un achat plus social
Face aux scandales récurrents des conditions d’emploi des salariés en Chine, avec la population asservie des Ouighours, mais aussi l’emploi d’enfants pour fabriquer nos « beaux » vêtements, les Français se tournent de plus en plus sur le Made in France.
La France, capitale de l’élégance et de la mode, affiche à cet égard un marché florissant en matière de luxe. Mais comment choisir des pièces du prêt-à-porter, véritablement fabriqué en France ? Le prix est-il de même plus coûteux et ces habits plus durables ?
Première étape, regardez de près l’étiquette du vêtement suspendu en rayon. Les mentions étiquetées en France doivent obligatoirement présenter la composition du produit et ses différentes fibres ainsi que le prix.
De même, l’étiquette doit lister les informations nécessaires, pour l’entretien du lavage au repassage en passant par le séchage, au gré d’une série de pictogrammes. La majorité des textiles présente ce type d’information en Europe.
L’étiquetage d’origine permet également d’identifier le lieu de fabrication, sans compter le label et parfois certificat de qualité, mais ces informations ne sont pas obligatoires.
La vague du made in France a conduit un grand nombre de Français à chercher à s’habiller Français pour la qualité présumée, les conditions de fabrication respectueuses en termes de droit social. D'autres critères sont importants comme privilégier le savoir-faire hexagonal pour réduire l'impact environnemental, en supprimant les transports d’Asie en Europe par exemple.
Les vêtements le Minor ont fait l'objet d'un achat-test Homap. Lien sur l'image.
Comment vérifier si un textile a bien été fabriqué en France ?
Si le marquage spécifiant l’origine du produit n’est pas obligatoire en matière de vêtements en France, la mention « fabriqué en France » répond à l’application du principe d’origine non préférentielle selon le Code des douanes. En clair, il suffira que la dernière étape de production ait été effectuée dans l’hexagone pour considérer le vêtement comme fabriqué en France, même si le tissu utilisé a été importé de l’étranger. Les marques sérieuses procédant à une fabrication française de A à Z, tissu compris ont aussi à cœur de détailler sur l’étiquette les origines des fibres utilisés.
Face à cette problématique, un certain nombre de labels contrôlés guident le consommateur dans ses choix de consommation.
Le label Origine France Garantie impose ainsi que la forme finale du vêtement et qu’au moins la moitié de son prix de revient aient été acquis sur le territoire français.
Le label France Terre Textile signifie qu’au moins 75 % des étapes de fabrication ont été réalisés sur le territoire français.
Les fibres textiles issus du territoire français peuvent comprendre du lin dont la France est le premier producteur ; du chanvre, de la laine de nos bêtes françaises mais aussi plus rarement du coton sans compter le retour de la soie dans l’hexagone. Ces différentes cultures françaises ont évidemment un coût dû à leur qualité artisanale. En revanche, les produits fabriqués seront plus durables, sous réserve d’un entretien de qualité.
Les jenas telier Tuffery ont fait l'objet d'un achat-test Homap. Lien sur l'image.
Petites entreprises et start-ups à la pointe du combat
Ces productions disparues, sous la concurrence de vêtements à bas prix en provenance de l’étranger, opèrent peu à peu un retour grâce à la volonté de consommer moins mais mieux des Français.
Des petites entreprises françaises traditionnelles ont ainsi relevé la tête telle la société artisanale Arpin et ses laines fabriquées en Savoie. Le savoir-faire traditionnel artisanal est souvent une histoire de famille. En témoigne à cet égard l’histoire de B.Solfin, société vendéenne fabricant la maille depuis 1930. A la clé, des collections de vêtement inusables,en fibre 100% naturelle et à la ligne intemporelle (testées et approuvé depuis 15 ans par l’auteur de cet article).
Surtout, de nouvelles start-ups ont profité de la distribution on line pour se développer. Créée en 2011 par un jeune entrepreneur Guillaume Gibault, l’une des plus renommées aujourd’hui est sans conteste Mon Slip Français. Le succès de sa lingerie masculine fabriquée à 100 % en France a incité l’entrepreneur à développer son catalogue: pyjamas, maillots de bain et marinières, collections pour femme et toujours fabriqué à partir de tissus locaux en France.
On pourrait aussi citer Jean Fil et ses polos 100 % français en utilisant du coton cultivé dans le Gers. Chaque étape de fabrication, du tissage à la teinture jusqu’en passant par la filature, s’effectue en France. Avec un prix de 50 à 120 euros, ces polos sortent du lot et resteront longtemps dans votre dressing par leur qualité de fabrication. Du Gers, direction la Vendée avec la marque Le Daron. Tous les vêtements de cette entreprise ont été confectionnés à partir de matières premières françaises.
Le label Origine France Garantie impose ainsi que la forme finale du vêtement et qu’au moins la moitié de son prix de revient ait été acquis sur le territoire français.
Les chiffres mis en avant par la des jeans abriqués en coton 1083 ont aussi du sens, le nom reflétant la distance maximale en km en France séparant les ateliers de confection. Ce ne sont que quelques exemples de vêtements 100 % français mais le retour d’un textile durable hexagonal est concret.
Certes les prix de ces habits sont élevés mais mieux vaut limiter sa garde-robe autour de pièces de qualité, plutôt que de jeter un vêtement à petit prix qui achèvera sa vie sur le terrain vague d'un autre continent...