Depuis le 1er janvier 2021, 5 appareils électriques ou électroniques, dont le lave-linge, devront afficher leur indice de réparabilité. Quelle est l'échelle de la note ? Comment est-elle déterminée ? Peut-on lui faire confiance ? Homap vous dit tout.
L'indice de réparabilité : à quoi ça sert ?
Quand on se rend en magasin ou sur un site Internet pour acheter un appareil électroménager, on trouve de nombreuses informations sur ses caractéristiques, ainsi que son étiquette énergie. Et depuis le 1er janvier 2021, vous trouverez aussi – pour l’instant pour les lave-linge dans l'électroménager – un indice de réparabilité. Il s’agit d’une note qui a vocation à vous renseigner sur la possibilité de réparer ou faire réparer plus ou moins facilement votre appareil en cas de panne. Explications.
Avec sa loi anti gaspillage (loi AGEC, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire), le gouvernement français compte inciter les Français à limiter le gaspillage et préserver les ressources. De nombreuses mesures visent notamment à encourager la réparation des appareils électriques et électroniques – entre autres les appareils électroménagers.
D’après l’Ademe (Agence de la transition écologique), les Français ont globalement une bonne image de la réparation mais ils sont peu nombreux (36%) à réparer ou faire réparer leurs appareils lorsqu’ils tombent en panne*. Plusieurs articles de cette loi ont donc pour objectif d’inverser cette tendance – la création de cet indice de réparabilité en fait partie. Lors de l’achat d’un appareil, on disposera donc d’un nouveau critère pour le choisir : sa capacité à être réparé.
Les lave-linge et 4 autres catégories d’appareils
L’élaboration de cet indice, qui doit pouvoir s’appliquer à la majorité des appareils électriques et électroniques de manière pertinente, a nécessité plusieurs années de travail (mené par des associations environnementales et de consommateurs, fabricants, réparateurs, distributeurs, l’agence de la transition écologique...).
Dans un premier temps, cinq catégories d’appareils dits « pilotes » ont été choisies pour le lancement de cet indice : les lave-linge à hublot, les tondeuses (filaires, à batterie et robots), les smartphones, les ordinateurs portables et les téléviseurs. Plus tard, il pourrait s’étendre à d’autres appareils électroménagers et multimédias (comme l’étiquette énergie, généralisée à de nombreux produits).
Une note sur 10, calculée selon 5 critères
L’indice de réparabilité se présente sous la forme d’une note sur 10, affichée dans un pictogramme coloré. Les couleurs – vert foncé, vert clair, jaune, orange, rouge – varient en fonction de la note : plus elle est élevée, plus l’étiquette se rapproche du vert. Au contraire, plus elle est mauvaise, plus elle tend vers le rouge.
Cette note sur 10 est calculée selon cinq critères, qui ont chacun le même poids dans le calcul final :
- La disponibilité de la documentation technique, permettant notamment de bien utiliser et entretenir l’appareil,
- La facilité de démontage de l’appareil : les pièces principales doivent être facilement accessibles, se démonter à l’aide d’outils communs et se désolidariser aisément (par exemple, des pièces vissées sont préférables à des pièces collées pour faciliter une éventuelle réparation),
- La disponibilité des pièces détachées, qu’on doit pouvoir se procurer pendant plusieurs années et qui doivent être livrées rapidement,
- Le prix des pièces détachées - qui ne doit pas être trop important par rapport au prix d’achat de l’appareil neuf,
- Enfin, le dernier critère est adapté à chaque catégorie d’appareil. Dans le cas des lave-linge, par exemple, ils obtiennent une meilleure note s’ils sont équipés d’un compteur de cycles visible de l’utilisateur, s’ils permettent une assistance à distance et une réinitialisation logicielle.
Pour comprendre le calcul de l’indice de réparabilité de manière plus détaillée, vous pouvez lire notre article sur notre site Neomag.
Un affichage obligatoire mais progressif
En théorie, la loi prévoit l’affichage obligatoire de cet indice sur les produits concernés depuis le 1er janvier 2021, aussi bien dans les magasins que sur les sites Internet de vente en ligne. Et cela concerne tous les appareils « pilotes » vendus en France.
On imagine bien que cela nécessite un peu de logistique pour les fabricants (qui doivent calculer et fournir cet indice) et pour les vendeurs (qui doivent s’occuper de l’afficher). D’autant que le décret qui fixe les termes exacts d’affichage et de calcul de cet indice a été publié tardivement (le 29 décembre 2020). Il va donc falloir un peu de temps pour que l’affichage de l’indice de réparabilité prenne sa place en magasin et sur Internet.
Le 1er janvier 2022 au plus tard, tout devra être rentré dans l’ordre. En effet, c’est à partir de cette date que tomberont les premières sanctions pour les revendeurs qui ne respecteraient pas l’affichage et pour les fabricants qui ne fourniraient pas l’indice (ou un indice erroné).
Ce sont les fabricants qui calculent l’indice de réparabilité de leurs produits
Chaque fabricant (ou importateur) a la charge – et même l’obligation légale - de calculer l’indice de réparabilité de ses propres appareils pour le fournir aux revendeurs. Ces derniers ont pour leur part l’obligation de faire connaître l’indice de réparabilité aux consommateurs lorsqu’ils achètent un appareil concerné.
Les fabricants calculant leurs propres notes : voilà un point qui attire souvent la méfiance du grand public. Mais il est important de savoir qu’il ne s’agit pas d’une « auto-évaluation » mais bien d’un calcul qui s’effectue grâce à des feuilles de calcul très précises, fournies par les autorités (comme pour l’étiquette énergie, définie par des mesures qui découlent de très nombreuses normes). En bref, tout est prévu pour qu’aucune erreur de calcul ne puisse se produire. Rappelons que le but est de fournir aux consommateurs une information claire et surtout objective.
Par ailleurs, en cas d’erreur (même involontaire), les fabricants pourraient être gravement sanctionnés. Les contrôles ne sont pas systématiques (comme pour l’étiquette énergie), mais ils existent. De plus, les associations de consommateurs veillent au grain – de même que les marques concurrentes. Enfin, les consommateurs pourraient très bien dénoncer un calcul de l’indice de réparabilité qui leur semble erroné.
Car il faut savoir qu’un consommateur est en droit de demander le détail du calcul de cet indice (les notations pour chacun des cinq critères) et que le vendeur est tenu de le lui fournir.
Et pour la suite ? Quelles évolutions ?
L’indice de réparabilité pourrait s’étendre à d’autres catégories d’appareils. Mais pour l’instant, il est difficile de dire quand et pour quels produits, car la loi anti gaspillage ne le prévoit pas en détail.
En revanche, cette loi fixe une évolution de taille au 1er janvier 2024. L’indice de réparabilité doit être complété ou plus probablement remplacé par un indice de durabilité. Ce dernier englobera de nouveaux critères (comme la durée de vie ou d’utilisation des appareils, leur fiabilité…). Son objectif est le même : donner aux consommateurs français des informations complémentaires lorsqu’ils achètent un appareil. En l’occurrence, il ne s’agira plus seulement de savoir si un produit peut se réparer facilement, mais s’il est durable.
* Ademe : étude « les Français et la réparation », 2020